Captain Cook

Au bord d’une route, en haut d’une colline, se situe l’auberge de jeunesse d’Annie, Pineapple Park. On s’y rend en bus (3 par jour), en taxi (cher), en voiture de loc (cher si on s’y prend au dernier moment) ou en stop. J’ai testé le stop, testé le bus, testé la marche au bord de la route… et fini par ré-opter pour la voiture de loc. En gros, si t’as pas de voiture, c’est chaud.

L’auberge se trouve à Captain Cook, petite ville qui tient son nom du capitaine britannique qui découvrit Hawaï en 1778 et qui fut tué ici, après un GROS malentendu… A l’auberge, on trouve des marins qui rêvent de repartir sur le Pacifique. Il y en a un qui dit : »si je parle de repartir, empêchez- moi de dormir, mettez-moi sous une douche froide et jetez-moi du vent et du sable… Ca me rappellera des souvenirs ! » Il y a aussi des jumeaux qui viennent ici pour travailler dans le bâtiment. Ils me racontent qu’à l’école, c’était pas évident d’être les seuls « blancs ». On appelle les blancs ici : haole. Ils ajoutent qu’ils ne se sont jamais laissé faire. Il y a aussi R, qui a été en Irak et en Afghanistan et qui met les pieds dans une galerie d’art avec moi et me remercie de l’avoir emmené car il a trouvé ça super intéressant. Ah oui, il y a aussi Nellie et Valerie, deux alaskaiennes et Nellie est une eskimau, nous dit Valerie en riant.

Dans la baie, face au monument de Captain Cook, se trouve le « meilleur endroit où faire de la plongée masque-tuba » et on peut même voir des dauphins ! On est sur la côte de Kona, la côte touristique. Il y a des bateaux qui vous emmènent de nuit pour aller voir les raies mantas. Il y a des sites sacrés. Mais surtout beaucoup de plage, de surf, de boogie board et de masque-tuba. Hawaï quoi.

Vie marine

Hilo

La ville portuaire la plus proche à l’est de l’île s’appelle Hilo. Eugene me dépose. Eugene a 65 ans, il est « d’ethnicité » japonaise. Il a échappé à la guerre du Vietnam. Son oncle qui était en France en 1945 à la libération, a récemment reçu la légion d’honneur. Haric, un autre hawaïen-japonais rencontré 2 jours plus tard, m’explique qu’après l’attaque de Pearl Harbor, les japonais sur le sol américain firent internés dans des camps. Pour prouver leur loyauté aux Etats-Unis, les soldats japonais constituèrent une unité spéciale et se montrèrent redoutables. C’est parmi eux qu’on compte le plus de morts et de médailles. Haric est moitié français. Ça mère était une « war bride » marseillaise. Les grand-mères d’Eugene, elles, travaillaient dans le business des « picture brides », c’est-à-dire qu’elles fournissaient des photos de jeunes japonaises en age de se marier aux japonais émigrés à Hawaï dans les années 10.

Kara et ses deux colocataires refaisant le monde :
Carnet de Voyage Hawai Julie Blaquié

A Hilo, je visite le Lyman museum et la maison de la famille Lyman, premiers missionnaires américains débarqués à Hawaï. Ce que les Lyman firent de bien : ils apprirent la langue des hawaïens et l’alphabétisèrent. Après, bin forcément le livre le plus traduit fut la bible, et c’est discutable. C’est aussi la madame Lyman qui commença à habiller de vêtements occidentaux les indigènes. Toute la maison est construite en bois de koa et d’ohia. Il s’agit de la première construction en bois de l’île. La maison dut être déplacée au début du vingtième siècle car une route allait la couper en son milieu.
Grâce au musée, j’ai appris que le combat de coqs était le sport préféré des philipins, immigrés en masse à la fin du 19e pour travailler dans les champs de canne à sucre. Cela expliquerait leur profusion sur les îles.

Jan, la gentille dame blonde du musée, veut me montrer le terrain de foot où les kolea aiment se poser. Le Kolea est un type de pluvier du Pacifique, qui traverse l’océan une fois par an de l’Alaska à Hawaï. Il a de longues jambes fines et aime l’herbe courte. Ca doit lui rappeler le genre de terrain qu’il a là-haut. Il est plutot solitaire, pèse presque rien et vole d’une seule traite pendant 55 heures lors de la migration. Il y a beaucoup d’Alaskiens à Hawaï ! Baleines, oiseaux, humains…

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Big Island

Je suis hébergée chez Kara, Deniss et Eugene, le temps de quelques jours, mes premiers pas sur Big Island. Big Island est le surnom donné à l’Ile d’Hawaï. La maison se trouve à 5 miles du National Volcano Park. Kara m’emmène voir le volcan Kilauea de nuit. Je ne me rendais pas compte que nous étions si près du monstre encore en activité. C’est de nuit que l’on peut voir le reflet de la lave dans les vapeurs.

Kilauea Caldera

Spectacle du volcan au petit matin :
Carnet de Voyage Julie Blaquié Illustration Hawai
Kilauea Caldera

On dit que c’est la maison de Pélé, déesse des volcans et du feu. Elle a donné son nom à des formations volcaniques : les cheveux et larmes de Pélé, un type de lave étirée par le vent en fin filaments ou en gouttelettes de verre volcanique. Pélé a une bonne âme mais elle est très imprévisible, extrêmement jalouse.

La côte de Napali

Le nord ouest de l’île n’est accessible qu’aux randonneurs. Il faut 3 jours de randonnée pour parcourir ces falaises le long du Pacifique. Ce serait l’un des plus beaux treks au monde. On peut aussi longer la côte en Kayak ou se payer le luxe d’un vol en hélicoptère.
Avec Andrew, volontaire en désherbage de plantes, nous avons fait le premier tronçon de la rando, jusqu’aux chutes d’eau. C’était sportif ! mais ça valait le coup, c’était juste splendide.

Napali Coast

Kauai

Au nord la côté de Napali, à l’Est Kapaa, au Sud les plages de Poipu, le Spouting Horn et le jardin botanique, à l’ouest le parc de Polihale, au centre Waimea Canyon et Kokee Park.

Bien sûr c’est bien plus complexe que ça et Steve, prof de géologie à l’université de Cornell à New York, explique aux étudiants la formation de la plus vieille île de l’archipel. Les étudiants en géologie et sciences de l’environnement passent un semestre à Hawaï. Les cours ont lieu sur le terrain et c’est tellement mieux. Nous allons nous côtoyer pendant une semaine à Kokee.

Julie Blaquié Illustration

Carnet de voyage Hawaii

Carnet de voyage Hawaii

Carnet de voyage Hawaii

Kokee Park

Me voici désormais à Kauai, petite île au nord-est de l’archipel. Elle est appelée « The Garden Island » car autrefois elle abritait de nombreux champs de canne à sucre. Aujourd’hui, faute de soutien politique, cette agriculture est terminée et a laissé place à des champs de maïs génétiquement modifié.
Je suis logée au cœur de l’île, dans le parc de Kokee, à 1200 mètres du niveau de la mer. Non loin de là le canyon de Waimea, des vues splendides sur la côte de Napali et le marécage de Alakaï en altitude. Dans ce parc, on peut encore trouver de nombreuses plantes et oiseaux endémiques. Si les uns disparaissent, il en va du péril des autres.
Au « CCC Camp » où je suis hébergée, se trouve le bureau de l’association de Katie Cassel. Sa mission est de protéger les plantes endémiques et indigènes en voie de disparition. La principale action que l’homme peut apporter est d’arracher les mauvaises herbes. Ces dernières sont principalement le gingembre Kahili, le Australian Tree Furn et la goyave. Ces planes sont envahissantes et empêchent les autres de pousser. Comme dit Eben, qui travaille ici : « une forêt saine est une forêt diversifiée ». L’asso recrute de nombreux volontaires.

Waimea Canyon, Kauai

Waimea Canyon, Kauai

Waimea signifie "eau rouge"

Waimea signifie « eau rouge »

Côte de Napali, vue de Kalalau

Côte de Napali, vue de Kalalau

Petit café-galerie d'art à Waimea

Petit café-galerie d’art à Waimea

Construit dans les années 30 pour héberger des jeunes travailleurs, le CCC Camp a été restauré et sert de logement pour les randonneurs et l'asso de Katie Cassel.

Construit dans les années 30 pour héberger des jeunes travailleurs, le CCC Camp a été restauré et sert de logement pour les randonneurs et l’asso de Katie Cassel.

The Rainbow couple

Loz & Brye

Lauren est apparue, gracieuse, telle Elyzabeth tylor en Cléopatre, avec un imposant chignon de dreadlocks noires sur la tête et un décolleté de perles. Le mariage s’est déroulé au bord de la mer, sous les palmiers. 25 convives étaient là qui avaient fait le déplacement, de la côté Est et Ouest des Etats-Unis, du Canada, d’Australie et de France.
Au lieu d’anneaux, Loz et Brian ont choisi le « hand fasting », tradition néopaganiste. Il s’agit de nouer les mains des deux fiancés avec un ruban ou une corde. Ils prononcent ensuite les promesses d’engagement. Les 90 coqs voisins ont salué cette union. Une des mamans a versé des larmes et les mariés se sont embrassés.
Rencontrés au Rainbow Serpent Festival en Australie 6 ans auparavant, puis mariés sur la Rainbow Island, nous avons portés un toast au Rainbow couple.